Violences institutionnelles
Favoriser l'appropriation des espaces scolaires
Favoriser l'appropriation des espaces scolaires
Violences institutionnelles
Prévenir et éduquer
Evaluer et piloter
Des espaces scolaires participant d'un meilleur climat scolaire
Témoignage
Bruno est enseignant d’ESC dans un lycée agricole.
Lors de l’une de leur réunion, les membres de l’ALESA font le point sur l’utilisation du foyer. Ils constatent des faits de dégradation à l’intérieur et dans les abords du foyer. Ils font part de ces difficultés à Bruno et au CPE de l’établissement. Suite à cet échange, une réunion est organisée avec des représentants des élèves. Il en ressort un mal-être des élèves et surtout des internes :
• Le foyer est jugé trop petit, trop bruyant et « froid » ;
• Les internes ne peuvent accéder à leur chambre qu’après le dîner (soit à partir de 20h) ; ils regrettent qu’aucun lieu confortable et calme ne leur soit proposé ;
• Il n’y a pas de préau ou autre espace extérieur abrité et aucune assise en dehors des chaises des salles de classe. Ainsi, par temps de pluie, les élèves se rassemblent et s’asseyent dans les couloirs. Comme le règlement intérieur l’interdit, ils sont souvent repris par les assistants d’éducation et les enseignants, parfois punis. Certains élèves ont fait savoir que cette situation était difficile à vivre et leur paraissait injuste.
Suite à cette réunion, Bruno prend conscience de l’ampleur de cette question d’un espace qui semble « faire violence » aux élèves, lesquels génèrent à leur tour de la violence (tensions avec les adultes, dégradations). Après une séance de réflexion collective, un projet semble émerger de la part des élèves dont l’objectif serait d’identifier des lieux qui leur plaisent et de les aménager selon leurs envies pour répondre à leurs besoins de confort et de convivialité. Bruno propose d’intégrer ce projet dans son organisation pédagogique.
Avec l’aide d’un architecte et d’un artiste, les élèves de Bruno ont pu installer des assises confortables et conviviales qu’ils ont conçues et fabriquées eux-elles-mêmes dans des lieux qu’ils-elles affectionnent pour leur calme et/ou leur beauté. Par ailleurs, ils ont pu, avec l’artiste, s’approprier une cour grise et inutilisée pour y monter une œuvre imposante qui embellit l’espace et lui confère une dimension de « causerie » conviviale et originale. Cette structure a elle aussi été bâtie par les élèves, et vient faire écho à une autre structure de même type, plus petite, installée dans le foyer, venue en corriger l’acoustique et le rendre, lui aussi, plus accueillant et convivial.
Très rapidement, Bruno, les élèves et l’équipe d’éducation et de surveillance ont pu constater une baisse du niveau de tension entre les élèves, entre adultes et élèves. Les dégradations dans les couloirs ont également diminué.
Lors de l’une de leur réunion, les membres de l’ALESA font le point sur l’utilisation du foyer. Ils constatent des faits de dégradation à l’intérieur et dans les abords du foyer. Ils font part de ces difficultés à Bruno et au CPE de l’établissement. Suite à cet échange, une réunion est organisée avec des représentants des élèves. Il en ressort un mal-être des élèves et surtout des internes :
• Le foyer est jugé trop petit, trop bruyant et « froid » ;
• Les internes ne peuvent accéder à leur chambre qu’après le dîner (soit à partir de 20h) ; ils regrettent qu’aucun lieu confortable et calme ne leur soit proposé ;
• Il n’y a pas de préau ou autre espace extérieur abrité et aucune assise en dehors des chaises des salles de classe. Ainsi, par temps de pluie, les élèves se rassemblent et s’asseyent dans les couloirs. Comme le règlement intérieur l’interdit, ils sont souvent repris par les assistants d’éducation et les enseignants, parfois punis. Certains élèves ont fait savoir que cette situation était difficile à vivre et leur paraissait injuste.
Suite à cette réunion, Bruno prend conscience de l’ampleur de cette question d’un espace qui semble « faire violence » aux élèves, lesquels génèrent à leur tour de la violence (tensions avec les adultes, dégradations). Après une séance de réflexion collective, un projet semble émerger de la part des élèves dont l’objectif serait d’identifier des lieux qui leur plaisent et de les aménager selon leurs envies pour répondre à leurs besoins de confort et de convivialité. Bruno propose d’intégrer ce projet dans son organisation pédagogique.
Avec l’aide d’un architecte et d’un artiste, les élèves de Bruno ont pu installer des assises confortables et conviviales qu’ils ont conçues et fabriquées eux-elles-mêmes dans des lieux qu’ils-elles affectionnent pour leur calme et/ou leur beauté. Par ailleurs, ils ont pu, avec l’artiste, s’approprier une cour grise et inutilisée pour y monter une œuvre imposante qui embellit l’espace et lui confère une dimension de « causerie » conviviale et originale. Cette structure a elle aussi été bâtie par les élèves, et vient faire écho à une autre structure de même type, plus petite, installée dans le foyer, venue en corriger l’acoustique et le rendre, lui aussi, plus accueillant et convivial.
Très rapidement, Bruno, les élèves et l’équipe d’éducation et de surveillance ont pu constater une baisse du niveau de tension entre les élèves, entre adultes et élèves. Les dégradations dans les couloirs ont également diminué.
Analyse de la situation et pistes d'actions
Conformément à la mission de l’Enseignement Agricole consistant à favoriser l’insertion scolaire, sociale et professionnelle des jeunes qui lui sont confié-e-s, les établissements scolaires de l’Enseignement Agricole sont des lieux d’apprentissage mais aussi des lieux de vie. A ce titre, ils participent pleinement du développement des individus : lieux de formation, ils sont aussi lieux de socialisation et de développement de compétences psychosociales. La recherche s’interroge sur les relations entre les individus et leurs espaces de vie (Authier, 2012). Ainsi, il a été démontré que les modalités d’organisation des espaces influent sur les comportements. Comme le montrent les résultats de l’enquête « Climat scolaire et victimation », menée en 2015-2016 sur un échantillon d’établissements de l’Enseignement Agricole, l’expérience vécue par les usagers va influer sur la qualité des relations interpersonnelles, le climat de travail ou encore le sentiment de sécurité. Ce vécu peut se répercuter à court, moyen et même long terme dans la vie des élèves.
Penser et aménager les lieux de vie dans les établissements scolaires devrait donc permettre d’agir sur les niveaux de violence, le sentiment d’appartenance, la persévérance scolaire ou encore la motivation dans les projets portés collectivement. Ceci peut à terme, limiter les cas de décrochage scolaire, voire certaines formes de refus scolaire anxieux. Interroger les apprenant-e-s sur leur sentiment de confort, ce qu’ils peuvent vivre au quotidien comme de la violence ou de la convivialité permet de stimuler chez elles-eux le besoin de contribuer. Penser l’aménagement des espaces participe donc pleinement du développement des compétences psychosociales des jeunes qui nous sont confiés. Les impliquer dans cette dynamique en les intégrant à toutes les étapes de la démarche, y compris les accompagner quand ils sont eux-mêmes à l’initiative de projets, c’est leur donner également plus de « pouvoir d’agir » sur leurs propres conditions de vie, de travail, etc. Les compétences qu’ils pourront développer par ce biais sont transférables dans d’autres situations de vie : dans leurs périodes de stage en entreprise, de travail chez le maître d’apprentissage et plus tard, dans toutes les étapes de leur vie professionnelle.
C’est pourquoi la question de l’organisation des espaces comme levier de la socialisation et du développement des compétences psychosociales a toute légitimité à constituer un axe fort du projet éducatif d’un établissement dont l’équipe de direction sera un levier central de par les moyens humains, organisationnels et logistiques qu’elle est en mesure de mobiliser.
Penser et aménager les lieux de vie dans les établissements scolaires devrait donc permettre d’agir sur les niveaux de violence, le sentiment d’appartenance, la persévérance scolaire ou encore la motivation dans les projets portés collectivement. Ceci peut à terme, limiter les cas de décrochage scolaire, voire certaines formes de refus scolaire anxieux. Interroger les apprenant-e-s sur leur sentiment de confort, ce qu’ils peuvent vivre au quotidien comme de la violence ou de la convivialité permet de stimuler chez elles-eux le besoin de contribuer. Penser l’aménagement des espaces participe donc pleinement du développement des compétences psychosociales des jeunes qui nous sont confiés. Les impliquer dans cette dynamique en les intégrant à toutes les étapes de la démarche, y compris les accompagner quand ils sont eux-mêmes à l’initiative de projets, c’est leur donner également plus de « pouvoir d’agir » sur leurs propres conditions de vie, de travail, etc. Les compétences qu’ils pourront développer par ce biais sont transférables dans d’autres situations de vie : dans leurs périodes de stage en entreprise, de travail chez le maître d’apprentissage et plus tard, dans toutes les étapes de leur vie professionnelle.
C’est pourquoi la question de l’organisation des espaces comme levier de la socialisation et du développement des compétences psychosociales a toute légitimité à constituer un axe fort du projet éducatif d’un établissement dont l’équipe de direction sera un levier central de par les moyens humains, organisationnels et logistiques qu’elle est en mesure de mobiliser.
Ressources
La résidence d'artiste en milieu scolaire est l'occasion de penser l'aménagement des espaces en portant à la fois un regard pragmatique et artistique. le document proposé par la DRAC Bretagne vous donne l'ensemble des informations nécessaires pour accueillir au mieux l'artiste.
Le documentaire "enracine tes envies" montre comment les apprenants ont participé à l'aménagement de leurs espaces scolaires et en quoi il a participé d'un meilleur climat scolaire.
Dans le document Le tabou du corps à l'école : l'exemple des toilettes Bénédicte Loriers montre les toilette sont les éléments des batiments qui générent le plus de malaise chez les apprenants et proposent des pistes de solution concrètes.
Le documentaire "enracine tes envies" montre comment les apprenants ont participé à l'aménagement de leurs espaces scolaires et en quoi il a participé d'un meilleur climat scolaire.
Dans le document Le tabou du corps à l'école : l'exemple des toilettes Bénédicte Loriers montre les toilette sont les éléments des batiments qui générent le plus de malaise chez les apprenants et proposent des pistes de solution concrètes.
Bibliographie
- Authier, J.Y. (2012). Espace et socialisation. Editions universitaires européennes.
Clerc, P., Deprest, F., Labinal, G., & Mendibil, D. (2019). Géographies – Épistémologie et histoire des savoirs sur l’espace. Sedes
Cayoutte-Remblière, J., Lion, G., & Rivière, C. (2019). Socialisations par l'espace, socialisation à l'espace. dans Sociétés contemporaines, 3, pp 5-31.
FAQ
- Certains espaces de mon établissement nécessitent-ils une vigilance particulière ?
Il est possible de dresser une liste de lieux dits « sensibles » dans un établissement scolaire. Au premier rang, les toilettes. Identifiés en analysant les résultats de l’enquête climat scolaire et victimation comme zone dans laquelle les élèves se sentent le moins en sécurité, les toilettes sont également décrits par eux comme peu confortables, parfois sales ou encore mal équipés (pas de lunette sur la cuvette, manque de papier, de savon, sèche-mains en panne, pas de contenant pour jeter proprement les protections intimes féminines, etc.). Ils sont également parfois des lieux de violence vécue pour les personnels régionaux en charge de la maintenance et de l’entretien (chasses non tirées, papiers qui bouchent la cuvette, lieux théâtre de batailles d’eau). Cet état peut aboutir à des troubles de santé liés au fait que certain-e-s élèves se retiennent. Ces problèmes peuvent aller jusqu’à une éviction scolaire.
Ainsi, il est important de veiller à ce que les toilettes soient maintenus propres, bien équipés et entrent dans le rayon de vigilance de l’équipe d’éducation et de surveillance. Il semble important de rappeler qu’un élève désirant sortir pendant le cours ne peut en aucun cas se le voir refuser.
Autre lieu sensible : la salle de restauration qui est identifiée par les apprenants mais également les adultes qui en sont les usagers comme très bruyante. Ainsi, l’inconfort commence dès l’attente du repas qui peut se faire à l’extérieur et exposer les élèves au froid ou à la pluie et continue dans la salle du fait du niveau sonore généré par les couverts et les voix ou encore des temps de repas jugés trop courts. Pour éviter une attente longue et inconfortable aux élèves, on peut imaginer une plus grande amplitude de pause et un ordre de passage, à condition que les élèves puissent patienter dans des conditions matérielles satisfaisantes, au foyer ou en salle de permanence par exemple.
Enfin, comme décrit dans l’exemple traité dans cette fiche, les couloirs, escaliers, plus globalement les espaces de circulation dans lesquels les élèves s’assoient, surtout s’ils sont étroits, constituent des zones pouvant générer des conflits entre apprenants et équipe éducative. S’il s’avère que les élèves ne disposent pas d’espaces de pause, de repos, d’assise en nombre suffisant ou que ceux-ci ne sont pas placés dans des lieux proches des salles dans lesquelles ils ont cours, une piste de remédiation peut consister à identifier des lieux propices avec eux et à les équiper selon les besoins alors manifestés.
- Comment m’y prendre pour repenser un ou des espaces dans mon établissement ?
Il est important de commencer par dresser un état des lieux du vécu des différents usagers des différents espaces dans l’établissement. Une fois les informations collectées, un premier niveau d’analyse permettra d’établir un diagnostic partagé. Ce sont les points de difficulté ressortant de ce diagnostic qui permettront d’établir les lieux « sensibles » de l’établissement et les priorités à donner en termes de réflexion, réaménagement, réorganisation ou encore équipements éventuels à prévoir.
- Comment financer ce type d’aménagements de l’espace dans mon établissement ? - I
Plusieurs options sont possibles, une fois établi un diagnostic partagé avec les différents usagers (apprenant-e-s, équipe d’éducation et de surveillance, équipe de direction, agents territoriaux d’entretien et de maintenance, enseignants) :
Demander un financement au niveau régional (en tant que propriétaire du foncier) dans le cadre des programmes de travaux pluriannuels.
Demander un financement dans le cadre de projets éducatifs en répondant à des appels à projet comme pour le lycée agricole de Neuvic (voir la capsule audio « Enracine tes envies » dans l’onglet « ressources »).
S’entourer, comme dans l’exemple présenté, d’artistes qui seront invités en résidence et pourront apporter un autre regard sur l’organisation de l’espace et/ou accompagner des projets d’élèves dans ce domaine.
D’autres démarches sont possibles, sans pour autant mobiliser des ressources conséquentes : ouvrir les internats plus tôt ou encore autoriser les apprenant-e-s à y accéder quand ils n’ont pas de cours en journée.